La blogoma est-elle trop molle ?
samedi 29 décembre 2007Réflexion interrogative d'un confrère béninois exerçant au Maroc :
« Les blogs au Maroc ce n'est pas la révolution. Si on les compare avec ceux d'autres pays comme l'Egypte, ils restent très timides et très pudiques. Ce qui est marquant c'est qu'au contraire d'autres pays arabes certains titres de la presse écrite sont plus audacieux et plus courageux que les blogs marocains ».
Autour de la table, le cas de la blogosphère égyptienne est revenue à plusieurs reprises en opposition à un cas concret au Maroc celui de ce qu'on appellent « les prisonniers du premier Mai ». Il est vrai qu'après quelque recherches on ne recense que quatre blogs ayant évoqués ce cas récemment : Larbi.org , Naim , Moul, Ibn Kafka. Peut être il y en a d'autres mais sur des milliers de blogs ça laisse effectivement interrogatif.
Analyse, qu'on pourrait qualifier de comptoir, d'une personnalité marocaine présente (en résumé d'après mes notes) :
« Il ne faut pas s'attendre à avoir des miracles . Les internautes marocains , bloggeurs ou non, ce n'est pas une catégorie dont attend des merveilles . Pour des raisons historiques la contestation n'existe plus, c'est psychologique : dites Non à n'importe quoi et vous serez éjectés comme si vous êtes des salauds et des traîtres, pas par le pouvoir mais par Monsieur Tout-le-Monde . Monsieur Tout-le-Monde est plus royaliste que le roi, plus conservateur que ses parents. Il passe son temps à s'excuser d'avoir donner un avis de peur d'avoir heurter la sensibilité des gens ou de se faire apporter des ennuis. Non seulement il s'autocensure mais il censure sans que personne ne le lui ai demandé. L'esprit de jeunesse se conjugue aujourd'hui au Maroc à la soumission : la vieillesse de l'âme l'emporte toujours. Il s'est passé quelque chose au Maroc : quoi ? s'opposer dire non ? dans le Maroc d'aujourd'hui ? Non, ce n'est plus l'air du temps. Le désert s'installe . Un paradoxe très marocain : l'élargissement du champs d'exercice de la liberté d'expression a enfanté une phénomène de mimétisme. L'utopie, c'est fini. On voit naître ici et là des gens qui se font le devoir de dresser l'opinion à la discipline nationale : être mou , oisif , centré sur son nombril, applaudisseur de tout ce qui bouge. On appelle cela être un bon marocain».